Modèle du renouveau pour Aston Martin à sa sortie en 1994, la DB7 est encore une youngtimer. Pour autant, il ne faut pas tarder à s’y intéresser. Ligne d’une élégance intemporelle, moteur à la voix de sirène, ambiance club : c’est une auto bien née et son badge lui confère un profil de cote atypique.
La sortie du purgatoire n’est pas bien loin pour celle qui a parfois été qualifiée de « modern-day E type » à sa sortie outre-manche, en raison des similitudes de style de sa partie arrière avec la célèbre Jaguar.
Le souffle du renouveau.
L’Aston Martin DB7 est la première Aston qui n’est plus fille d'Aston ! Comprenez par là qu’elle a été conçue après la reprise d’Aston Martin par Ford en 1987. Commençons tout de suite par ce qui a pu déranger lors de sa première présentation. C’est une voiture qui a été développée non plus par un constructeur artisanal pour de faibles productions (la Virage qui la précède n’a pas dépassé les 600 exemplaires) mais pour couvrir un marché mondial exigeant et dont les références sont désormais données les modèles haut de gamme de Mercedes ou BMW.
La DB7 sera longuement mise au point avec plus d’une trentaine de prototypes. Elle reprend des composants Jaguar, notamment le bloc moteur AJ6 bien connu dans les XJ6 et XJ6 (génération XJ40), dans sa version 6 cylindres en ligne de 3.2 litres additionné d’un compresseur. C’est une solution dirons-nous « cost-efficient » pour faire de la puissance avec un bloc déjà bien amorti, les antiques V8 Aston étant inadaptés tant sur le plan du contrôle pollution que du coût de production. La nouvelle Aston intègre aussi nombre de composants de grande série dans son habitacle, ce qui fait un drôle de cocktail avec le cuir Conolly et la moquette Wilton…

Aston Martin DB7 Vantage

Moteur 6 cylindres à compresseur
La DB7 se positionne en face du très haut de gamme allemand avec des prix comparables à une Porche 928 GT ou BMW 850 CSi. Ce qui la rend bien moins chère que les modèles jusqu’alors commercialisés par le constructeur de Newport Pagnell. Il faut donc la remettre dans son champ de concurrence du milieu des années 90 pour bien l’évaluer.
Dans un comparatif de 1995, Sport Auto sera très positif avec la nouvelle Aston Martin, lui octroyant la seconde place devant la 928 GTS, la 500 SL et la XJS 6.0, et juste derrière la BMW 850 CSi. Robert Puyal qui signe alors l’article souligne « cette auto magnifique est effectivement capable de faire son métier de GT(..) Aston a donné naissance à une magnifique voiture, digne des espoirs que suscitait sa ligne. »
Esprit Aston es-tu bien là ?
L’Aston Martin DB7 se fait immédiatement remarquer lors de sa présentation au salon de Genève 1993. Il faut dire que la précédente nouveauté Aston, la Virage (1988) avait laissé plutôt tiède les amateurs de la marque, et que la dernière carrosserie marquante était donc la DBS de 1967 si l’on oublie le détour baroque de la limousine Lagonda.
Le design signé Ian Callum (aussi auteur de la Ford RS200 en 1984 et actuellement directeur du design de Jaguar) s’impose d’emblée comme une réussite qui joue sur le registre du classique éternel attendu pour une Aston Martin tout en apportant avec subtilité muscle et modernité dans une tension de lignes qui sera ensuite reprise sur les Vanquish et DB9. Le renouveau du design Aston Martin est assuré, d’ailleurs la marque surfe toujours sur cette vague 20 ans plus tard.

Aston Martin DB7 Vantage - © Aston Martin

Aston Martin DB7 - © Aston Martin
Si la prestance est là, une Aston Martin se doit d’honorer ses occupants par un habitacle dressé des plus beaux matériaux. Nous ne commenterons pas l’ergonomie générale perfectible ni le manque d’inspiration du design de la planche de bord. Un simple regard aux intérieurs d’une 928 ou d’une série 8 montre qu’au milieu des années 90 les constructeurs de GT n’étaient pas très aventureux sur le design intérieur de leurs modèles. Il faut attendre la Jaguar XK8 ou la Maserati 3200 pour renouer avec des cockpits réellement pensés en accord avec l’ADN de leur marque.
Il reste que la DB7 se montre largement à la hauteur avec un grand confort, des cuirs et des moquettes de premier choix. Quant au moteur, le son du 6 cylindres à compresseur est unique, parfois comparé au chant des sirènes. Son souffle inépuisable (50 mkg de couple à 3000 tr/min) relance la bête à la moindre demande.
Une youngtimer collector en devenir.
Sur une grand-tourisme au blason aussi prestigieux il est normal d’anticiper le passage du marché de l’occasion à celui de la collection. La DB7 est une automobile rare comparée à ses concurrentes, avec 8 938 exemplaires produits, toutes versions confondues, à comparer à 30 621 BMW série 8 et 61 056 Porsche 928 par exemple… A noter que la version du lancement en 6 cylindres est la plus rare avec 2461 exemplaires. La DB7 a été déclinée en cabriolet Volante, et en version Vantage avec le moteur V12 à partir de 1999. A noter aussi les très exclusives versions Zagato (99 exemplaires).

Aston Martin DB7 GT - © Aston Martin

Aston Martin DB7 Vantage Volante - © Aston Martin
Les versions 6 cylindres (335 ch. DIN) représentent actuellement la meilleure opportunité d’investissement avec des voitures en général peu kilométrées et qui traversent bien le temps. Le moteur est robuste et fiable de même que les boites. La boîte automatique à 5 rapports (ZF 5HP30) n’est pas un foudre de guerre mais convient bien à l’esprit force tranquille de la machine et sa communauté avec les BMW série 7 rassure sur sa fiabilité. Les petits tracas viennent de pièces dont la longévité est limitée comme les silents blocs ou les poignées de porte, mais sans difficulté pour trouver les pièces. A surveiller aussi l’évaporateur de clim, qui demandera une dépose du tableau de bord pour être changé, maladie chronique connue aussi sur les XJS et XJ40 cousines. Les versions Vantage V12 (6.0L 420 ch.DIN) séduiront ceux qui recherchent une vraie sportivité, avec outre la puissance un châssis nettement plus dynamique.
Il reste qu’à moins de 50 000 € actuellement, c’est clairement une valeur sûre pour qui veut accéder au mythe Aston Martin et investir dans une automobile tout aussi raffinée qu’utilisable qu’il s’agisse du coupé ou du cabriolet. Elle n’est pas encore entrée dans les troubles spéculatifs que connait une Porsche 928 ces temps-ci et conservera longtemps pour elle son exclusivité et sa rareté. Les connaisseurs sont déjà à l’affût et sa cote est en progression certaine depuis début 2015.
L’Aston Martin DB7 mérite la considération de plusieurs points de vue. Elle n’est pas l’Aston au rabais que ceux qui ne la connaissent pas ont pu faire croire. C’est une voiture à la conception aboutie qui demeure avec le temps plaisante à conduire et permet grâce à sa conception hybride entre l’artisanat et la grande série de limiter le coût d’utilisation par rapport à ses devancières. Sa ligne a relancé Aston Martin et tracé la voie d’une identité forte qui perdure encore dans les modèles actuels. Elle représente donc une très belle occasion d’accéder à la marque Aston Martin en espérant une orientation à la hausse les cinq prochaines années. Definitely, let’s take the Aston !
https://www.classicautoinvest.fr/2017/02/28/aston-martin-db7-shall-we-take-the-aston/