Aston Martin V12 Vantage - Aston Martin DBS
Âmes sœurs
Chez Aston Martin, partager l’exclusivité est une valeur sûre. Alors, quand la petite AM se voit offrir le V12 de la DBS, on peut vraiment parler d’esprit de famille...















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Une journée en compagnie des deux Aston Martin les plus désirables de la production de Gaydon est un plaisir qui ne se refuse pas. A notre droite, la sculpturale DBS ; l’héritière spirituelle d’une dénommée Vanquish. A notre gauche, l’athlétique AM V12 Vantage ; une étude devenue réalité en quelques mois à peine et produite à mille exemplaires. Entre les deux, le choix semble cornélien. Car, en reprenant à l’identique le moteur et la transmission de la DBS, la V12 Vantage se fait tout aussi irrésistible. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à découvrir en quoi elles se démarquent l’une de l’autre. Dure journée, non ?
Que la DBS et la V12 Vantage n’appartiennent pas au même segment est une évidence. Mais, on s’en rend vraiment compte dès qu’elles se retrouvent côte à côte. De par ses dimensions, la DBS joue dans la cour des coupés au long cours ; Jaguar XKR et Maserati GranTurismo S en tête. L’AM V12, quant à elle, s’offre à quelques millimètres près la taille de guêpe d’une Porsche 911. Splendide référence ! Cela dit, si leurs proportions respectives leur garantissent des lignes inspirant le respect, elles conservent aussi l’air de famille. Bingo ! Enfin, pour se distinguer de leurs aînées AM V8 et DB 9, ce duo s’offre des traits plus agressifs et des attributs esthétiques qui sont loin d’être des fioritures. La multiplication de leurs ouïes d’aération en est sans doute le plus bel exemple...
Sens en pagaille

C.R. Ghislain Balemboy
Le tour du propriétaire terminé, il est temps de s’installer à bord. Et là - ô agréable surprise ! - en passant d’un habitacle à l’autre, l’esprit se met en mode « Jeu des sept erreurs », tant les points communs sont nombreux. Si les sens sont en éveil, c’est néanmoins la vue qui prend le dessus ; le regard prenant le temps d’admirer chaque détail de ces habitacles « jumeaux » dont la conception se base avant tout sur le luxe et l’exclusivité. Cette réalisation intérieure abuse donc sans modération du cuir, de l’Alcantara, d’inserts en carbone mat et de placages laqués « black piano ». L’envie de découvrir en touchant est irrépressible et les effluves des matériaux utilisés flattent l’odorat. Résultat, dans ces cocons, le sentiment de bien-être est omniprésent et, surtout, ne lasse pas !
Question mobilier, si ces intérieurs disposent tous deux d’une console centrale bombée laissant toujours à portée de main l’ensemble des commandes, ils se distinguent dans leur manière de recevoir. La DBS se dote de sièges confortables s’adaptant à la morphologie de chaque passager, tandis que la V12 Vantage invite à prendre place dans des baquets à coque de carbone. Maintenant extrêmement bien et assurant des positions de conduite frisant la perfection, ces sièges ne se distinguent que par l’importance de leur rembourrage, avec comme conséquence directe : confort de GT pour la DBS et de sportive pur jus pour la V12 Vantage. Enfin, si la DBS se révèle plus habitable que la V12 Vantage, cette dernière ne décline pas pour autant l’invitation au voyage. Il faudra seulement un peu de bon sens pour organiser l’espace au dos des sièges et s’arranger avec un coffre à la contenance limitée. Mais bon...
Pièces d’orfèvrerie

C.R. Ghislain Balemboy
En insérant la clé de contact à tête en saphir – qui fait office de bouton poussoir « Start Engine » - au sommet de chaque console, un frisson parcourt l’échine. Son intensité n’est toutefois pas la même. Dans la DBS, l’éveil du V12 se montre civilisé avec un hurlement faisant preuve de retenue. La mise à feu de la V12 Vantage s’illustre par une détonation suivie de gargarismes rageurs. Si les vocalises de ces V12 ouverts à 60° degrés distinguent le duo, leurs spécifications techniques sont toutefois les mêmes. Sous les capots, on retrouve en effet le 6 litres de 5935 cm3 développant 517 chevaux à 6500 tours et délivrant un couple de 570 Nm à 5750 tr/min. Mais, en greffant un V12 sous un capot initialement prévu pour recevoir un V8, les ingénieurs de Gaydon savaient pertinemment bien que la répartition des masses de la V12 Vantage n’aurait plus rien à voir avec celle de l’AM V8 et encore moins avec celle de la DBS. Toute la différence de personnalité entre nos deux Aston Martin est assurément là...
Entre l’avant et l’arrière, la répartition des masses est de 51 % / 49 % pour la V12 Vantage et de 53 % / 47 % pour la DBS. Par ailleurs, il faut encore noter que la DBS affiche 15 kilos de plus que la V12 Vantage, soit 1695 kilos. Ces valeurs laissent présager des rapports poids / puissance flatteurs certes, mais ne laissent planer aucun doute quant aux performances annoncées. Le passage de 0 à 100 km/h ne demande que 4,2 secondes à la V12 Vantage et un dixième de plus à la DBS. En vitesse de pointe, la différence entre les deux n’est que de 3 km/h ; la V12 Vantage filant à 305 km/h contre 302 pour la DBS. Personne n’est donc lésé...
Plein gaz !

C.R. Ghislain Balemboy
C’est bien sûr au volant de ces joyaux de la couronne que l’on s’en rend compte. Avec leur direction précise, informative mais un peu lourde en manœuvre, toutes deux distillent – il est vrai - un plaisir de conduire contagieux et invitent à aller taquiner les routes sinueuses. En prime, elles se laissent apprivoiser avec une facilité déconcertante. Il suffit juste de ne pas s’emmêler les palettes avec la boîte robotisée de la DBS et de s’habituer à la fermeté de l’embrayage et aux débattements courts de la V12 Vantage. Pour le reste, tout n’est qu’une question de vigilance du compte-tours et de pilotage.
Avec son allonge incroyable, le V12 - à la sonorité envoûtante - monte en effet plus vite que son ombre dans les tours. Résultat, le rupteur calme les ardeurs à 6800 rotations pour la DBS et à 7000 pour la V12 Vantage. Inutile de préciser que les catapultages sont livrés de série ! Cela dit, si les sensations sont au rendez-vous, elles sont parfaitement digérées par les châssis exceptionnels de ces montures. En effet, avec une prise contenue de roulis, une plongée au freinage maintenue au même titre que le cabrage à l’accélération, on peut dire que les mouvements de caisse sont parfaitement maîtrisés. Et ce, en toute sérénité, vu que les freins en carbone céramique garantissent des décélérations époustouflantes tout en offrant une certaine progressivité. Quoi qu’il en soit, il y a un élément qui permet vraiment de distinguer ces Aston Martin : l’amortissement. Véritablement ferme sur la V12 Vantage, il la rend assurément plus radicale, plus bestiale que sa sœur. Avec sa suspension adaptative, la DBS joue la carte du compromis ; tout en ne sacrifiant rien sur l’autel de l’efficacité. Mais, finalement, ce duo reste fidèle aux mots clés s’affichant sur le tableau de bord à chaque mise en route : Power, Beauty, Soul. N’est-ce pas là le principal ?
Laurent Norro
Photographe : Ghislain Balemboy
Un grand merci à Aston Martin Brussels (www.astonmartin-belgium.com) qui a accepté de nous confier cette AM V12 Vantage
Source: http://www.v12-gt.com/le-magazine-de-la-voiture-de-prestige-GT-et-Classique/les-essais-des-plus-grandes-voitures-de-prestige/Aston-Martin-AM-V12-Vantage-Aston-Martin-DBS